Par Gilbert Leduc, journaliste
Le patrimoine religieux et le monde du cirque font bon ménage à Québec.
En 2003, l’École de cirque de Québec s’enracinait dans l’ancienne église Saint-Esprit située dans le Vieux-Limoilou.
Toujours dans ce même quartier, 17 ans plus tard, Machine de Cirque établissait ses pénates dans un autre sanctuaire fermé au culte, l’église Saint-Charles-de-Limoilou.
En effet, en novembre 2020, la compagnie de production de spectacles de cirque signait une entente de location de trois ans avec la paroisse Saint-François-de-Laval. L’accord prévoit que Machine de Cirque pourra se porter acquéreur de l’immeuble érigé entre 1918 et 1920 dont la valeur patrimoniale est jugée « exceptionnelle » selon l’inventaire du patrimoine bâti de la Ville de Québec.
« La pratique du cirque exige de très hauts plafonds. Nous travaillons beaucoup dans la verticalité. Avec 70 pieds de plafond, disons que nous sommes bien servis ! », commente Vincent Dubé, le directeur général de Machine de Cirque et aussi cofondateur de la compagnie avec Ugo Dario, Raphaël Dubé, Maxim Laurin, Frédéric Lebrasseur et Yohann Trépanier.
En plus de regrouper sous un même toit sa douzaine de travailleurs à temps plein et l’ensemble de ses activités de création et de gestion, la troupe s’active à mettre l’église en valeur notamment en la rendant accessible à la population et en lui attribuant une vocation de lieu de création et de diffusion artistiques.
De l’air qui entre par les fenêtres
« S’installer dans une église, ça amène son lot de défis. C’est un vieux bâtiment. C’est capricieux », souligne Vincent Dubé.
Fermée au culte en 2012, l’église montre des signes de dépérissement en raison du manque d’entretien pendant près d’une décennie.
« L’air entre par les fenêtres et le système de chauffage au gaz naturel – efficace qu’à 50 % à peine – a fait son temps », rend compte le directeur général. Au fil du temps, les coûts énergétiques du vénérable bâtiment sont devenus démesurés.
Désireuse d’avoir l’heure juste sur l’état de santé de l’église, Machine de Cirque et la paroisse Saint-François-de-Laval ont lancé un S.O.S. à Altanergy, une firme d’ingénierie en électromécanique du bâtiment, en développement durable et en efficacité énergétique, pour la réalisation d’une étude énergétique. Un coup de pouce du Fonds Écoleader a permis d’absorber une partie des coûts de consultation auprès des experts.
« Il fallait identifier les mesures qui auraient le plus d’impact et qui seraient les plus faciles à financer. Inutile de rappeler que nous sommes un organisme culturel ayant des moyens limités », insiste M. Dubé. Rapidement, il a été convenu d’acheter une nouvelle chaudière à condensation. Suivra, dans les phases subséquentes, le remplacement de la source d’éclairage actuel par des ampoules à DEL et l’ajout de contrôles de gestion de température.
Un investissement d’environ 45 000 $ pour l’achat de ces équipements – une fois les subventions accordées – confirme Vincent Dubé. Et les retombées sont intéressantes, notamment au chapitre de la consommation des combustibles fossiles et de l’électricité. En effet, une réduction annuelle de 34 tonnes de CO2 est attendue en raison d’une diminution de la consommation d’électricité de 4750 kWh/an et de plus de 18 000 mètres cubes/an de gaz naturel. Des économies qui se traduiront par une réduction de près de 9000 $ des frais d’exploitation.
Outre cet effort pour optimiser l’efficacité énergétique, un important chantier de restauration se mettra en branle dans les prochaines semaines pour donner un coup de fraîcheur à la façade de l’église Saint-Charles-de-Limoilou et à ses deux clochers. Il s’agit d’un projet de 2,4 millions de dollars piloté par Machine de Cirque et par la paroisse Saint-François-de-Laval et financé principalement par la Ville de Québec et le ministère de la Culture et des Communications du Québec.
Des travaux qui ne ralentiront pas Machine de Cirque. En effet, l’automne prochain, ses artistes mèneront simultanément cinq spectacles et seront en tournée en sol européen.