Par Mélodie Charest
Il y a près de 3 000 coopératives et mutuelles au Québec de tous horizons. Pour certaines de ces coopératives, « s’adapter aux changements climatiques » rime avec « se réinventer ». C’est d’ailleurs le cas pour la Coop Agri-Énergie Warwick qui amène ses membres à dépasser le cadre de producteurs agricoles conventionnels. Elle les encourage à devenir aussi des producteurs d’énergies renouvelables.
Née en 2019, la Coop Agri-Énergie Warwick regroupe une douzaine de membres issus du milieu agricole et un fromager. La raison de sa création : trouver un traitement de valorisation pour le fumier de leur élevage, tout en produisant de l’énergie.
« C’est le premier regroupement de cette nature au Québec », nous affirme Josée Chicoine, codirectrice générale de la Coop Agri-Énergie Warwick.
Un kombucha qui vous tient au chaud
Les lisiers agricoles sont acheminés au complexe de biométhanisation de Warwick où ils sont disposés dans d’énormes silos, appelé digesteurs. Le processus de fermentation peut maintenant commencer.
Ce processus peut se résumer assez simplement selon les dires de Josée : « C’est comme dans [ta cuisine] : si tu laisses un aliment dans un contenant fermé, ça « pop ». C’est en réalité du gaz qui est produit à partir de la matière organique ».
Au lieu de produire du kombucha, l’installation produit du biogaz. Une purification est toutefois nécessaire pour transformer le biogaz en gaz naturel renouvelable (GNR) afin qu’il puisse être distribué dans le réseau d’Énergir.
En opération depuis mars 2021, le complexe de biométhanisation de Warwick accueille 50 000 tonnes de matières organiques résiduelles par an pour une production annuelle de 2,3 millions de m3 de GNR ; traduit plus simplement, c’est l’équivalent de répondre aux besoins énergétiques de 1 000 résidences. En termes d’émission de GES, le projet permet de retirer l’équivalent de 1 500 voitures à essence sur la route.
En plus de faire un changement notable pour l’environnement, le projet représente un « potentiel de cohabitation sociale ». Josée nous explique que le processus de biométhanisation produit du biogaz, mais aussi un digestat qui est retourné chez les agriculteurs qui l’épandront sur leurs champs. En plus d’ajouter une valeur fertilisante par rapport aux lisiers, le processus diminue largement sa charge odorante. Ainsi, l’odeur typique liée aux opérations d’épandage, incombe moins les ruraux de la région.
Un projet boule de neige
À la suite de ce succès, d’autres MRC, municipalités et groupes de producteurs ont approché Coop Carbone pour implanter le modèle de Warwick sur leurs territoires, dont la MRC de l’Érable et la ville de Princeville.
Pour répondre à ce besoin, la coopérative a déposé une demande de subvention au Fonds Écoleader afin d’aller plus loin avec leur première évaluation en vue d’implanter un complexe de biométhanisation dans la région . « On était assez optimiste pour aller en préfaisabilité. On est là-dedans présentement ! ».
Cette étude permet de déterminer le « fit régional » du projet, comme le nomme Josée.
« Coop Carbone a développé une expertise avec le premier projet qu’elle a contribué à développer à Warwick. On voulait aller plus loin avec Princeville ».
La concentration des fermes d’élevage, la présence des matières organiques résiduelles autres que des lisiers fumiers et les pistes de synergies diffèrent d’une région à l’autre. Un portrait agronomique régional est essentiel. L’expert devait également déterminer l’intérêt des agriculteurs de la région et trouver un site pour un complexe de biométhanisation à proximité du réseau gazier.
Pour Josée, cette étude est une opportunité d’implanter un autre complexe de biométhanisation au Centre-du-Québec, mais aussi ailleurs dans la Province. « Plus on exploite les différentes options, les différents scénarios, plus ça nous permet d’aller loin dans l’implantation de ce type de projet ailleurs au Québec ».
Sources :
https://www.mois-es.com/fr/faits/
https://coopcarbone.coop/projet-phares/coop-agri-energie-warwick/